La FMEJ appelle tout le monde à agir contre l’inanité et pour arrêter l’effondrement du secteur

Intifada

Le bureau exécutif de la Fédération Marocaine des Éditeurs de Journaux (FMEJ) a tenu sa réunion périodique ordinaire le jeudi 12 septembre 2024 à Casablanca. Lors de cette réunion, il a passé en revue les diverses questions et problèmes du secteur ainsi que les embrouillements qui pèsent sur le présent et l’avenir de l’entreprise de presse et les nombreuses attentes exprimées par le corps professionnel national. Il a également examiné les questions professionnelles et organisationnelles connexes.

A la lumière d’un examen exhaustif de tous les points à l’ordre du jour, et après avoir tiré les conclusions et les décisions nécessaires :

– La FMEJ réitère son regret quant au sort de l’instance d’autorégulation de la profession, à l’édification de laquelle la Fédération a contribué. Elle rappelle que l’organisme provisoire actuel n’est pas conforme à la Constitution, en particulier à son article 28.

– La Fédération tient le gouvernement responsable de cette situation absurde, et en particulier le ministère du secteur, qui est à l’origine de la loi instituant la commission provisoire, et qui a fait montre d’un échec flagrant dans l’organisation d’un dialogue avec les véritables organisations professionnelles. Il a, dès le départ, affiché un mépris manifeste envers la loi en la matière, s’est fait otage d’une partie professionnelle connue, et a permis le piétinement de toutes les lois, plongeant ainsi la profession dans cette division qu’elle n’a jamais connue dans son histoire.

– Étant donné que le mandat de la commission provisoire approche de son terme, la FMEJ rappelle que le législateur visait précisément à travers sa création de mettre fin à cette période provisoire le plus rapidement possible. En ce sens, l’article 2 de la loi portant création de la commission stipule que la durée du mandat de celle-ci est fixée à 2 ans, ajoutant : « toutefois, au cas où les membres du Conseil National de la Presse seraient élus, conformément aux dispositions de l’article 4, avant l’expiration de ce mandat, les tâches de la commission prennent fin dès que les nouveaux membres commencent à exercer leurs fonctions. » Cependant, malgré cela, cette commission provisoire n’a entrepris, depuis sa création à ce jour, aucune action en ce sens, conformément à la loi qui prévoit que les élections sont le seul moyen légitime de renouveler les structures de l’institution d’autorégulation, le Conseil National de la Presse (CNP).

– Malgré la seule réunion tenue par cette commission avec notre Fédération et d’autres organisations professionnelles, personne ne connaît le contenu et la teneur de la « feuille de route » qu’elle aurait soumise au ministère du secteur et n’a pu exprimer un avis à son sujet.

– Le ministère du secteur a aujourd’hui la responsabilité incontestable de mettre fin à cette absurdité entourant la question de l’autorégulation de la profession de journaliste. Il est tenu de veiller à l’application de la loi et d’éviter d’entraîner tout le pays à assumer les conséquences de pratiques individualistes, hégémoniques et égoïstes, qui portent atteinte à son image.

– En plus de tout le mécontentement exprimé depuis des mois par le corps professionnel au sujet des problèmes liés à la délivrance et au renouvellement de la carte professionnelle, de l’absence de transparence concernant ce dossier et la publication légale des listes, ainsi que de l’absence de toute initiative visant à faciliter le dialogue et la concertation entre les organisations professionnelles pour unifier les visions et créer des points de convergence, et du manque de présence dans les débats professionnels et sociétaux concernant les questions de la baisse de la qualité des produits professionnels, la multiplication des atteintes et violations des règles de la déontologie de la profession, il est regrettable que les membres de la commission provisoire, ainsi que certaines parties professionnelles et administratives qui s’étaient auparavant alliés pour affaiblir la FMEJ et l’écarter, aient commencé aujourd’hui à s’affronter entre eux, oubliant les véritables enjeux de la profession et leur véritable mission. Au lieu de cela, ils sont ainsi occupés à s’échanger les accusations entre eux, démontrant, même à ceux qui avaient pu croire à leurs prétentions passées, qu’ils ont aujourd’hui échoué de manière retentissante et qu’ils manquent de compétence, de crédibilité, de clarté d’opinion et de vision à long terme.

– Quant au ministère de tutelle, qui représente le gouvernement à ce niveau, il est clair qu’il a choisi de jouer la carte de la dissimulation après s’être retrouvé dans l’embarras et qu’il tourne ainsi en rond à la recherche de solutions à de nombreux dilemmes.

– Le ministère n’a reçu de la part des parties sur lesquelles il comptait aucune vision pour l’avenir qui puisse assurer un consensus entre les professionnels. Il n’a pas non plus obtenu d’elles de solutions à l’infraction des lois et à la violation de l’esprit de la Constitution. Il a été confronté à la faiblesse des connaissances des personnes sur lesquelles il comptait, les laissant aujourd’hui chercher « une issue » pour prolonger le provisoire et placer le gouvernement et le parlement devant le fait accompli une fois les deux années écoulées. Tout le monde restera alors spectateur de cette persistance éhontée de la violation de la loi et du dépassement de la logique.

– Une des conséquences de l’implication du ministère avec les parties professionnelles qu’il a soutenues dès le départ, et dans les bras desquelles il s’est jeté, est qu’il n’a pas pu parvenir à une formule acceptable pour le système de soutien public. Il n’a même pas réussi à exposer son point de vue en dialoguant avec les véritables organisations professionnelles, contrairement à tous les gouvernements précédents.

– Le gouvernement a publié un décret sur le soutien public sans aucune consultation préalable, et le ministère prévoit d’émettre la décision ministérielle conjointe qui y est liée selon la même démarche unilatérale, sans aucune consultation. La FMEJ a exprimé plusieurs remarques fondamentales concernant le décret gouvernemental. Elle n’a cessé de souligner ses visions concernant la décision ministérielle conjointe attendue et réitère aujourd’hui l’importance et la centralité de la diversité et du pluralisme du paysage médiatique national, de la lutte contre la rente, le monopole et la concentration, ainsi que sur la nécessité de la protection des entreprises de la presse régionale et des petites et moyennes entreprises et l’inclusion de tous ces critères dans une loi sur le soutien public qui soit le fruit d’une concertation, bénéficie du consensus des professionnels, garantisse un soutien public équitable et juste, promeuve le pluralisme et contribue à la stabilité des entreprises du secteur tout en jetant les bases de leur mise à niveau.

– En lien avec ce sujet, même lorsque la FMEJ et ses sections régionales, présentes et actives à travers tout le territoire national, ont réussi à convaincre plusieurs conseils régionaux de coopérer et de conclure des partenariats directs pour élaborer des formules adaptées au soutien régional, susceptibles d’atténuer la pression sur le système de soutien « national », le ministère du secteur est intervenu et a bloqué cette dynamique pour des raisons formelles et bureaucratiques qui auraient pu être surmontées avec un peu de bon sens, de prévoyance et d’intelligence administrative. En fait, les services du ministère n’ont même pas su réagir intelligemment à certaines attentes des entreprises de presse dans les provinces du Sahara marocain relevant de ses trois régions, malgré les promesses qui leur ont été faites. Le bureau exécutif de la Fédération regrette cette situation et l’absence d’implication du ministère dans la politique de coopération proposée par la FMEJ pour apaiser les tensions et soutenir nos collègues dans les provinces et régions du Sahara marocain, qui sont en première ligne dans la lutte contre la désinformation et les manœuvres des adversaires de l’intégrité territoriale.

Compte tenu de tout ce qui précède, la FMEJ renouvelle son appel au ministère de tutelle, au gouvernement et à son chef à engager un dialogue rationnel, sincère et productif. La Fédération tend également la main aux autorités publiques pour une coopération honnête et de bonne foi, dans le souci de défendre les intérêts du secteur et des entreprises de presse, et pour l’image et l’avenir démocratique de notre pays.

Elle appelle également le Parlement, qui a adopté la loi sur la commission provisoire, à assumer aujourd’hui ses responsabilités quant à l’application et au sort de ce texte législatif, et à exercer son rôle de contrôle des fonds publics et de pousser le gouvernement à dialoguer avec les professionnels pour une législation nationale sur le soutien public qui soit juste et équitable et qui préserve le pluralisme.

– La FMEJ, en tant que première organisation des entreprises du secteur et partenaire historique du gouvernement dans toutes les réformes depuis plus de vingt ans, s’adresse à toutes les éditrices et éditeurs de journaux de notre pays pour leur rappeler que, quelles que soient nos divergences organisationnelles au cours des dernières années, et malgré nos positions parfois éloignées, les événements des quatre dernières années ont révélé les manœuvres, erreurs et manipulations qui ont été commises. Ils ont également révélé des positions sincères et rationnelles. Il est donc temps que les éditeurs prennent l’initiative, unissent leurs rangs, ou du moins entament des discussions et des consultations entre eux pour coordonner leurs positions et leur plaidoyer auprès des autorités publiques, afin de contribuer effectivement à créer une nouvelle conscience en leur sein pour élaborer des positions communes et coordonner les actions sur le terrain. Et ainsi, il sera impossible pour quiconque de prétendre qu’il n’existe pas d’interlocuteur unique parmi les éditeurs.

– La Fédération ouvre ses portes à tous et réitère sa volonté de coopérer et de travailler conjointement avec tous ceux qui sont animés de bonnes intentions afin de sortir de l’impasse actuelle.

– Le Maroc s’apprête aujourd’hui à relever de nombreux défis et se prépare à accueillir des événements mondiaux et continentaux. Il doit relever de nombreux enjeux stratégiques, démocratiques, de développement et nationaux. Pour ce faire, il a besoin d’une presse professionnelle, sérieuse et crédible. Le gouvernement a ainsi un rôle à jouer, tout comme les organisations des éditeurs de journaux, les syndicats et les autres acteurs du secteur, afin de jeter les ponts du dialogue et de la communication entre toutes ces parties sans hégémonisme, exclusion ou décision unilatérale.

– Ce sont les méthodes d’exclusion et de mutisme qui ont conduit à la division que connaît aujourd’hui le secteur. Le manque flagrant des connaissances dont a fait preuve la commission provisoire, les conflits entre ses membres et le désengagement du ministère de tutelle ont également conduit notre profession et notre pays à connaître des déceptions, à la propagation de la médiocrité, de l’inanité et de la dégradation .dans les contenus, les comportements, les relations et les positions

.Agissons tous avec sincérité pour arrêter cet effondrement et combattre l’inanité

Le bureau exécutif

Fédération Marocaine des Éditeurs de Journaux

 (FMEJ)

التعليقات مغلقة.